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LA RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE.

En effet si, pour deux observateurs se déplaçant à des vitesses différentes, quelque chose dans l’Univers est un invariant comme disent les physiciens, c’est-à-dire est invariable, ce quelque chose doit naturellement rester tel pour un troisième observateur dont la vitesse passe graduellement de celle du premier à celle du second, et qui, par conséquent, est animé d’un mouvement uniformément accéléré.

Des conséquences fondamentales en découlent.

Une chose d’abord est évidente, admise d’un consentement unanime par tous les physiciens : c’est que dans le vide, et en un point de l’espace où ne s’exerce aucune force et où il n’y a pas de pesanteur, la lumière se propage en ligne droite. Cela est certain pour beaucoup de motifs et d’abord par pure raison de symétrie, parce qu’en une région du vide isotrope, un rayon que rien ne sollicite ne doit point dévier de sa marche rectiligne, dans un sens ou dans l’autre. Cela est évident quelque hypothèse qu’on fasse sur la nature de la lumière, et même si, comme Newton, on suppose qu’elle est formée de particules pesantes.

Ceci admis, supposons maintenant qu’en un point de l’Univers où il y a de la pesanteur, à la surface de la Lune, par exemple, un merveilleux fusil puisse tirer une balle qui possède et garde (tout le long de la trajectoire) la vitesse de la lumière.

Cette balle décrira une trajectoire très tendue, à cause de sa grande vitesse, et néanmoins incurvée vers le sol lunaire, à cause de la pesanteur. Puisque nous pouvons