Page:Nordmann - Einstein et l’univers, 1921.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
EINSTEIN ET L’UNIVERS.

qu’il est déjà assez difficile de se représenter l’espace à quatre dimensions même s’il n’est pas incurvé.

Qu’est-ce que cela prouve ? Il y a dans la nature bien d’autres choses que nous ne pouvons pas nous représenter, c’est-à-dire dont nous ne pouvons pas nous former une image visuelle. Les ondes hertziennes, les rayons X, les ondes ultra-violettes en existent-elles moins parce que nous ne pouvons pas nous les figurer, ou que du moins nous ne le pouvons qu’en leur attribuant une forme visible qui précisément leur manque. Certes, c’est une des faiblesses de l’infirmité humaine que de ne rien concevoir que ce qui est imagé. De là cette tendance qui nous porte à tout visualiser (si j’ose risquer ici ce mot inélégant, mais expressif).

Revenons donc à nos géodésiques. Celles-ci nous pouvons très bien nous les représenter, car elles sont dans l’Univers, en dépit de ses quatre dimensions, des lignes à une seule dimension pareilles à toutes les lignes que nous connaissons.

L’existence des géodésiques, des lignes de plus courte distance, va nous dévoiler avec éclat la liaison qui, dans le monde euclidien de la science classique, n’était pas apparue, entre l’inertie et la pesanteur. De là était né le distinguo newtonien entre le principe d’inertie et la force gravitante.

Pour nous relativistes, ce distinguo n’est maintenant