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CANTIQUE À LA REINE


Que n’ai-je les ciseaux sonores du tailleur
Pour couper votre robe,
Et que n’ai-je le four qu’allume l’émailleur,
J’émaillerais le globe

Où votre pied se pose ainsi qu’un oiseau blanc
Planant sur nos désastres,
Globe d’azur et d’or, frêle univers roulant
Son soleil et ses astres ;

Que ne suis-je de ceux dont les rois font grand cas
Et qui sont des orfèvres,
Je vous cisèlerais des bijoux délicats
Moins vermeils que vos lèvres ;

Mais, puisque je ne suis ni l’émailleur plaisant,
Ni le marchand notable,
Ni l’orfèvre fameux, ni le tailleur croisant
Ses jambes sur sa table ;

Que je n’ai nul vaisseau sur les grands océans,
Nul trésor dans mon coffre,
J’ai rimé ce bouquet de vertus que céans
De bon cœur je vous offre.

Je vous offre humblement ce bouquet que voici :
La couleur en est franche,
Et le parfum sincère, et ce bouquet choisi,
C’est la chasteté blanche ;

C’est l’humilité bleue et douce, et c’est encor,
Fleur du cœur, non du bouge,
La pauvreté si riche et toute jaune d’or
Et la charité rouge ;