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AUX FEMMES !


L’enfant, c’est le mystère avec lequel tu joues,
C’est l’inconnu sacré, que tu portes neuf mois
Pendant que la douleur te baise sur les joues,
Mère qui fait des gueux et toi qui fais des rois
Vous, qui tremblez toujours, qui mourez quelquefois

Comme autrefois les flancs d’Ève en pleurs sous les branches
Au jardin favorable où depuis l’amour dort,
Ton labeur est maudit ! Ceux sur qui tu te penches,
Vois, mère, le plus doux, le plus beau, le plus fort,
Il apprend l’amertume et connaîtra la mort.

C’est toi la source, ô femme, écoute, ô mère folle
D’Ésope qui boitait, de Caïn qui griffait,
Vois le fruit noir tombé de ton baiser frivole
Savoure-le pourtant, comme un divin effet,
En noyant dans l’amour, l’horreur de l’avoir fait.

Pour l’amour, tout s’enchante en sa clarté divine,
Aimez comme vos fils, les hommes ténébreux ;
Leur cœur si vous voulez, votre cœur le devine
Les plus graves au fond sont des enfants peureux ;
Le plus digne d’amour c’est le plus malheureux.

Éclairez ces savants, ô vous, les clairvoyantes,
Ne les avez-vous pas bercés sur vos genoux
Tout petits ? Vous savez leurs âmes défaillantes
Quand ils tombent, venez. Ils sont francs, ils sont doux ;
S’ils deviennent méchants, c’est à cause de vous.

C’est à cause de vous que la discorde allume
Leurs yeux, et c’est pour vous, pour vous plaire un moment