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A — AAH-HOTEP
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Quant à nos caractères d’imprimerie, on sait qu’ils reproduisent par la gravure l’écriture de calligraphes habiles : c’est ainsi que l’a grec (α) est celui de Lascaris, et que les Aldes ont emprunté pour leurs italiques l’a cursif de Pétrarque. En parlant de la forme donnée à la lettre A, on ne peut se dispenser de mentionner les signes dont elle est parfois accompagnée et qui en modifient le plus souvent la valeur phonétique : les accents usités en français, italien, espagnol, etc. ; l’a tilde portugais, l’a infléchi allemand, l’a suédois surmonté d’un o, l’a cédille ou nasal polonais. En outre, dans les manuscrits du moyen âge et jusque dans les impressions de la première époque, on rencontre un e cédille pour représenter l’a accompagné d’un e. Il faudrait enfin rappeler la forme qu’affecte cette lettre dans les écritures tachygraphiques (notes tironiennes, tachygraphie italienne des Xe et XIe siècles) et sténographiques.

L’A peut être envisagé sous deux aspects différents : comme son, et comme signe graphique.

Prononciation de l’A en français. Dans certains mots, la place de l’A fut longtemps occupée par l’O : généralement, sous François Ier, on écrivait et on prononçait encore pouvoit, vouloit, etc. Postérieurement, on continua d’écrire anglois, françois, etc., mais on prononça comme aujourd’hui, sauf lorsque la rime exigeait l’ancienne consonance. C’est du temps de Voltaire seulement, et en grande partie grâce à lui, que la conformité s’établit peu à peu entre l’orthographe et la prononciation.

Théoriquement, le son A, que l’on appelait autrefois la voix a, peut avoir un grand nombre de nuances. Mais, dans notre langue, il n’en a que deux qui soient nettement distinctes : a est fermé ou ouvert. A ouvert est long dans fable, et bref dans patte. A est fermé et long dans pâte. Mais, dans plus d’un cas, la prononciation est incertaine.

Le son A, ouvert ou fermé, est ordinairement figuré en français par la lettre a. Mais il peut l’être par un e (couenne, moelle, femme), par un ê (poêle) et même par un i dans la combinaison oi qui se prononce oua (oiseau).

La lettre A, combinée avec une autre voyelle, peut exprimer des sons différents. V. chacune des voyelles.

— Considéré comme signe graphique, l’A prend différentes formes, soit dans l’écriture, soit dans l’impression ; on distingue l’A majuscule et l’a minuscule. Il subit en outre de nombreuses modifications, suivant que le caractère est de l’anglaise, de la ronde, de la bâtarde, de la coulée, ou du romain, de l’italique, de la normande, de l’égyptienne, etc.

écritures modernes
anglaise. ronde. bâtarde.

— A s’écrit de trois manières : 1e sans accent ; 2e avec l’accent grave ; 3e avec l’accent circonflexe.

Il s’écrit ordinairement sans accent : Tabac, Galba.

Il est surmonté de l’accent grave, signe purement spécifique, dans les mots çà, , deçà, holà, voilà, déjà, etc.

Il est surmonté de l’accent circonflexe pour indiquer soit la suppression d’une voyelle, comme dans âge, bâilier, qu’on écrivait autrefois aage, baailler, soit même celle d’une consonne, comme dans âne, âme, qui s’écrivaient autrefois asne (de asinus), anme (de anima).

Loc. prov. : Depuis a jusqu’à z, pour Du commencement à la fin : Savoir tout, depuis a jusqu’à z.

Ne savoir ni a ni b, Se dit d’une personne qui ne sait pas même lire, et, par extension, qui ignore les premiers éléments d’une science, d’un art, etc. : Le nombre de gens qui ne savent ni a ni b diminue tous les jours. On dit aussi, dans le même sens : N’y entendre ni a ni b, N’y rien comprendre.

Prouver par a plus b, Prouver avec une rigueur mathématique.

Marqué à l’a, Qui est de bonne qualité (par allusion à la marque de la monnaie frappée à Paris).

Panse d’a, Partie arrondie du petit a dans l’écriture. On dit figurém. : Faire une panse d’a, pour Faire une petite partie d’un travail. N’écrire, ne faire une panse d’a, pour Ne rien faire du tout. Ne savoir panse d’a, pour Ne savoir rien.

— De l’A employé comme signe abréviatif. Alg. A et les premières lettres de l’alphabet désignent ordinairement des quantités connues, comme les dernières lettres X, Y, Z, désignent des quantités inconnues.

— Arp. Les A répétés sont employés par les ingénieurs dans les nivellements de terrain, et indiquent une coupe, une démolition ou un nivellement projetés, selon qu’ils sont barrés à droite ou à gauche de la pointe.

— Astr. A ou a sert à désigner la principale étoile d’une constellation.

— Géom. A indique l’une des parties d’une figure qui sert à quelque démonstration : l’angle A d’un triangle.

— Grav. Sur les anciennes gravures, a. p. d. r. signifient avec privilège du roi.

— Mus. Comme note de musique, A servit à désigner, et il désigne quelques fois encore, pour les théoriciens, la note la, sixième note de la gamme majeure en ut (et la première de la gamme mineure en la). A désigne le la du diapason français de 870 vibrations, || Écrit sur une partition, il indique l’alto et certaines cordes des instruments grattés ou pincés. || En Allemagne, A désigne la note la, ou le ton de la.

— Numism. Sur les monnaies de France, A désigne l’atelier monétaire de Paris.

— Philos. Dans la philosophie scolastique, la lettre A indiquait une proposition générale affirmative. (La formule A = A est l’expression de l’identité absolue.) || Dans la philosophie allemande, A s’emploie pour désigner l’absolu.

— Typogr. En typographie, A sert à indiquer la première feuille d’un volume, ou le premier renvoi aux notes.

A privatif. Préfixe qu’à l’imitation des Grecs nous employons dans la composition de certains mots français pour marquer absence : Acaule, sans tige ; aphone sans voix. Devant un mot commençant par une voyelle ou un h, il se change en an. V. an.

— Préfixe tiré de la préposition latine ad, signifiant à, vers, pour, etc. : abord (vers le bord).

a (sans accent). 3e personne sing. du présent de l’indicatif du verbe avoir. V. ce mot.

à prép. (du lat. ad. — S’écrit toujours avec un accent grave pour le distinguer de a lettre et de a verbe). L’usage primitif de cette préposition est de marquer un rapport à un terme, la relation d’un objet à un autre : elle exprime le plus souvent ce que les Latins rendaient par leur datif, ou par leur accusatif avec ad.

à, en se combinant avec les articles simples le, les, forme les articles contractés au, aux : Les grands hommes du dix-septième siècle allaient au cabaret. (Chamfort.)

La moitié des humains vit aux dépens de l’autre.
Destouches.

La préposition À peut avoir pour antécédent un verbe à n’importe quel temps : Penser à, Destiné à ; un adjectif : Utile à, Fidèle à ; un substantif : Manquement à l’honneur, Fidélité au devoir ; un adverbe : Conformément à. Parallèlement à ; ou une préposition : Jusqu’à, La maison d’à côté. Elle peut régir un substantif, précédé ou non de l’article : Conforme à la loi, Poudre à canon ; un pronom : Pensez à nous ; un adjectif, précédé ou non de l’article : Saigner à blanc, Tirer au clair ; un verbe à l’infinitif : Facile à faire ; un adverbe : à bientôt. La préposition À peut être séparée du verbe qu’elle régit parle complément de ce verbe exprimé par un pronom, accompagnés ou non d’un adverbe, d’une négation : J’aime à me promener, bonne à tout faire, C’est à ne pas y croire. L’ancienne langue admettait même un substantif comme complément entre à et le verbe, et nous avons gardé quelques traces de cette syntaxe : Geler à pierre fendre. Partir à son corps défendant. Enfin, À peut régir une phrase tout entière : Manger à bouche que veux-tu.

à s’emploie très souvent sans antécédent, pour former des locutions adverbiales : à contrecœur, au fur et à mesure, à l’infini, etc. Souvent, aussi, l’antécédent est sous-entendu, et c’est ordinairement un verbe : au secours ! (venez au secours) ; à votre santé ! (je bois à votre santé). Il n’est pas nécessaire qu’il y ait exclamation : aux grands hommes la patrie reconnaissante (sous-entendu : a dédié cet édifice). Dans le langage familier, le régime de la préposition à peut être sous-entendu ; c’est ce qui arrive dans quelques termes de jeu : Nous sommes point à (point à point).

Fonctions de à. La principale destination de la préposition à est de marquer un rapport de direction vers un lieu, de tendance vers un but, un terme ou un objet quelconque : Aller à Paris. L’homme aspire à commander, à être le premier pour tout et toujours. (Lamenn.)

Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.
(La Fontaine.) 

à s’emploie surtout devant le complément indirect des verbes transitifs pour marquer le terme de l’action exprimée par le verbe : L’adulateur prête aux grands les vertus qui leur manquent. (Mass.)

— A s’emploie aussi avec des verbes qui semblent désigner un rapport tout opposé à celui de tendance, de direction vers un but, et qui expriment, au contraire, extraction, séparation, éloignement : Arracher une dent à quelqu’un. Le soustraire au danger.

— La préposition A est encore susceptible de beaucoup d’autres emplois. Voici les principaux ; A marquant la distance, l’intervalle : De Paris à Londres, il y a quatre-vingt-quinze lieues. A marquant la relation qui existe entre les personnes ou les choses : De vous à moi. Un est à deux comme deux est à quatre. Du tout au tout.

A marquant le lieu, l’endroit, la situation, etc. : La vie est un combat dont la palme est aux cieux. (C. Délavione.)

À marquant le temps, l’époque, etc. : Se lever à six heures. Les écureuils jouent au sortir de l’hiver : À marquant, une circonstance, un événement, etc. : À ma mort, il héritera, au premier coup de canon, la ville capitula. Partir au premier signal.

À marquant un espace de temps, une durée : Payer au mois. Louer à l’année. Travailler à la journée. À marquant appartenance, possession : Avoir une maison à soi. Rendez à César ce qui est à César. Quelquefois il forme avec son complément un pléonasme qui marque encore plus énergiquement l’idée d’appartenance : C’est mon opinion, à moi.)

À marquant l’espèce, la qualité, etc. : Canne à sucre. Vache à lait. Pays à pâturages. Homme à systèmes. A marquant la forme, la structure : Clou à crochet. Instrument à cordes. Montre à répétition. À marquant la destination, l’usage : Terre à blé. Marché à la volaille. Moulin à farine. Cuillère à pot. À marquant la possibilité, la convenance, etc. : Tabac à fumer. Chambre à coucher.

À indiquant ce qui sert spécialement, ce qui est nécessaire à l’emploi d’une machine, d’un instrument : Arme à feu. Bateau à vapeur. Moulin à vent. à indiquant la manière d’agir, la manière d’être, etc. : Rire à gorge déployée. S’habiller à la mode. À marquant l'instrument dont on se sert pour faire quelque chose : Pécher à la ligne. Jouer à la balle. Se battre à l’épée. Dessiner à la plume.

À marquant la mesure, le poids, la quantité : Vendre à la livre. Acheter à la douzaine.

À marquant le prix, la valeur : Diner à trois francs par tête, emprunter à gros intérêts.

À marquant la disposition morale, l’intention : Prendre une affaire à cœur. Faire une chose à regret. À marquant la cause : Se ruiner au jeu. à marquant l’effet, le résultat : Dresser à mort Courir à perdre haleine. Danser à ravir.

À marquant succession, gradation, etc. : Goutte à goutte Un A un. lîrin à brin. Feuille à feuille. À marquant correspondance exacte, proximité, jonction : 6 « itre quelqu’un pas A jias. Corps à corps. A marquant conformité, convenance : à sa fantaisie à votre avis. Boire à sa soif.

À marquant ce qui fournit une induction, une conjecture, etc. : À l’Œuvre on connaît l’artisan. A marquant une sorte de rivalité, de concurrence : Ils a de Charlemagne.

dansaient à qui mieux mieux. Tirons à qui fera, à qui jouera le premier.

À, suivi d’un infinitif, équivaut très souvent au participe présent du même verbe précédé de en : On risque à trop parler ce qu’on gagne à se taire. (C. DELA VIGNE.)

A, placé entre un substantif et un infinitif, sert fréquemment à indiquer ce qu’il est nécessaire ou convenable do faire : C’est un ouvrage à recommencer. Un homme qui disserte est un homme à noyer. Neufchâteau.

(Ainsi employé, A désigne aussi ce qui peut être la su ih^ d’un événement, la conséquence d’un fait, etc. : C’est une entreprise à vous faire honneur. C’est un conte à dormir debout.) A, placé après un verbe et devant un infinitif, peut s’expliquer par un mot sous-entendu et signifie de quoi : Il n’y a pas à manger. J’ai à vous entretenir.


A de Charlemagne
A de Charlemagne, célèbre reliquaire appartenant à l’église de Conques (Aveyron) et marqué sur l’inventaire comme ayant été donné par Charlemagne. C’est un des rares monuments que l’on possède de l’art carolingien ; il est d’une riche orfèvrerie rehaussée de gemmes serties, et présente la forme d’un A (non barré) dont le sommet soutient un reliquaire. La base, refaite bien postérieurement, est une bande d’orfèvrerie du bas moyen âge. D’après le chroniqueur Philippe Mouskes (1270), Charlemagne aurait donné à vingt-quatre abbayes autant de reliquaires, répondant chacun à une lettre de l’alphabet.

A. AA. AAA. Numism. V. numismatique.

. Signe employé dans les ordonnances des médecins, pour indiquer qu’il faut une même quantité égale de chacun des ingrédients dont les noms sont réunis par une accolade.

AA ou AAA. Signe dont on se servait dans l’ancienne chimie pour dire amalgame, amalgamez.

Aa (Pierre Van der), libraire-éditeur hollandais, né dans la seconde moitié du XVIIe siècle, mort vers 1730. Il a rendu de grands services à la science, particulièrement à la géographie, parles travaux importants qu’il a publiés dans sa librairie de Leyde, avec l’aide de ses deux frères, le graveur Hildebrand et l’imprimeur Baudouin. Il a publié aussi des ouvrages de botanique et les Œuvres d’Érasme (1703-1706, 11 vol. in-fol.), etc.

aa n. m. Nom d’un grand nombre de cours d’eau des pays celtiques et germaniques. C’est l’ancien haut allemand aha, le gothique ahva, le breton ac’h (cours d’eau) qui correspond au latin aqua (eau).

Aa, fleuve côt. de France (Pas-de-Calais), a sa source dans le plateau de l’Artois, passe à Saint-Omer et se jette dans la mer du Nord, près de Gravelines ; cours de 80 kil.

Aa, rivière de Russie (Courlande), qui a ses sources dans le gouvernement de Kovno, et devient navigable à Mitau. Près du golfe de Riga, à Schlock, l’Aa se rejette brusquement à l’E. et coule parallèlement à la mer jusqu’à sa rencontre avec la Dvina occidentale, au-dessous de Riga. Son cours est d’environ 245 kil. — Fleuve côt. de Russie (Livonie), qui a ses sources au plateau appelé de lui plateau d’Aa, et décrit de nombreuses sinuosités avant de se jeter, à Zarnikau, dans le golfe de Riga, à 144 kilom. N.-E. de la Dvina occidentale. Ses bords sont pittoresques, ses vallées fertiles et bien peuplées. Cours de 395 kil. environ.

— Il existe d’autres rivières de ce nom en Hollande, un affl. gauche de la Dommel, long de 40 kil. ; en Suisse, un affl. droit de l’Aar, un tributaire du lac des Quatre-Cantons, etc.

aabam (bam’) n. m. Nom sous lequel les alchimistes désignaient le plomb.

Aach, nom de plusieurs petites rivières affluents directs ou indirects du lac de Constance, et d’un affl. droit de l’Iller (Bavière), qui arrose Meramingen.

Aachen, nom allemand d’Aix-la-Chapelle. V. ce mot.

Aachénien, ienne (ké-ni-in, ni-ên — rad. Aachen) adj. Se dit d’un étage géologique créé par Dumont, qui s’était mépris sur l’âge exact de sables assez développés à Aix-la-Chapelle, lesquels sont sénoniens. || On écrit aussi achénien, ienne.

— n. m. L’aachénien, placé à la base de la série infracrétacée (Dumont), comprend un ensemble de sables blancs ou ferrugineux et d’argiles recouvrant directement les couches carbonifères. La grande ressemblance de l’aachénien avec le wealdien anglais et le néocomien du pays de Bray permet de supposer que ces dépôts appartiennent à l’infracrétacé. D’autre part, les géologues belges appellent bernissartien une argile aachénienne dans laquelle ont été recueillis 20 squelettes d’iguanodons et d’autres fossiles caractéristiques du wealdien anglais.

Les sables aachéniens occupent d’importantes dépressions dans les régions de Fourmies et de Mons.

Aadorf, ville de Suisse, canton de Thurgovie, sur le chemin de fer de Zurich à Rorscbach ; 2.600 h. Broderies.

Aæde. Mythol. Forme fautive de Aœnè. V. ce mot.

Aafjord, ville de Norvège, bailliage de Sondre-Trondjheni, au fond du golfe du même nom ; 4.000 hab. Pêcheries, cabotage important.

Aagesen (Svend), en latin Sueno, Agonis filius, le premier historien danois, vivait à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. Son histoire du Danemark, qui va de l’an 300 à l’an 1187, est intitulée : Compendiosa historia regum Daniæ, a Skioldo ad Canutum VI.

Aah-hotep, reine d’Égypte, considérée comme la femme d’Aménophis Ier jusqu’au moment où, en 1859, Ma-