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LA NATURE

lui auront fourni, involontairement, la preuve vivante de ses théories abstraites. Ceux qui demeurent oisifs, attendent comme des enfants, qu’un être ami et supérieur, qu’ils vénèrent ardemment, leur départe la connaissance de la Nature qui leur est nécessaire. En cette vie si brève, ils ne veulent pas consacrer à des occupations extérieures leur attention et leur temps, et les dérober au service de l’amour. Par une sainte vie, ils ne cherchent qu’à acquérir de l’amour et à en répandre, sans se soucier du grand spectacle des forces. Ils remettent tranquillement leur destin aux mains de ces puissances, tandis que les remplit l’intime conscience de leur inséparabilité d’avec l’être supérieur, et que la Nature ne les touche qu’en tant qu’elle est l’image de la propriété de celui-ci. Qu’ont-elles besoin de savoir, ces âmes bienheureuses, qui ont choisi la part la meilleure, et qui, telle qu’une pure flamme d’amour en ce monde terrestre, ne resplendissent que sur le faîte des temples ou à la cime des navires errants, en signe du feu céleste qui inonde toutes choses ? Bien souvent, ces enfants qui aiment, surprennent, en des heures sacrées, d’admirables secrets de la Nature, et les révèlent avec une ingénuité inconsciente. Le savant les suit à la trace pour recueillir tous les joyaux qu’en leur innocence et leur joie ils ont semés par les routes. Le poète qui sent ce qu’ils sentent, rend grâce à leur amour et cherche, par ses chants, à transplanter cet amour, germe de l’âge d’or, en d’autres temps et en d’autres contrées.