Page:Novicow - La Critique du darwinisme social.pdf/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bats livrés de fourmilière à fourmilière. En dernier lieu, il faut démontrer que ce qui se dit des fourmis est littéralement applicable à l’homme.

Les fourmis de la Nouvelle-Zélande ne peuvent pas entrer en communication avec les fourmis de l’Angleterre, tandis que, grâce au télégraphe, les Néo-Zélandais sont en communications constantes avec les Anglais. Les fourmis n’échangent pas des services et des marchandises de fourmilière à fourmilière. Une découverte scientifique, faite dans une fourmilière, n’est pas communiquée immédiatement aux fourmilières du monde entier. L’intelligence des fourmis peut être si faible qu’il leur est impossible de se représenter des intérêts s’étendant au delà de leur propre fourmilière ; les hommes se représentent parfaitement des intérêts communs entre la République Argentine, la France et la Russie. Les fourmilières, répandues sur le globe entier, ne pourraient pas former une seule association ; les collectivités humaines, répandues sur le globe entier, le pourraient très facilement. Il y a une distance énorme entre les fourmis et l’homme. Les dissemblances sont ici plus grandes que les ressemblances. S’il était même prouvé que les batailles entre les fourmilières ont amélioré l’espèce fourmi, cela ne démontrerait pas encore que les batailles entre les nations ont amélioré l’espèce homme.

De tout ce qui vient d’être dit on peut conclure, il me semble, que la thèse de Spencer ne soutient pas la critique et que sa phrase : « de même dans les sociétés humaines », est tout ce qu’il y a de plus superficiel et de plus arbitraire.


II

Lorsqu’on pense à la lutte pour l’existence dans le domaine de la zoologie, on se la représente toujours comme une extermination entre dissemblables, entre espèces antagonistes (telles que le mouton et l’herbe, le loup