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rices qui ne savent pas appliquer un bandage exerçant une pression uniforme.

Dans ce texte, le mot nourrice a, pour la première phrase, son sens propre, et pour le reste de la citation, il apparaît avec le sens que lui donnaient les Romains, appliquant ce nom à une espèce de gouvernante ou de camériste à laquelle leurs filles étaient confiées au sortir de l’enfance. La critique de Galien s’entend donc de l’usage des fasciæ, non seulement pour les enfants à la mamelle, mais aussi pour les jeunes filles.

Ambroise Paré a montré dans plusieurs passages de ses œuvres les effets désastreux des corps serrés. Il a raconté la mort d’une dame de la cour tombée dans le marasme à la suite de vomissements répétés des aliments, dus à la pression de l’estomac par un corps à baleines appuyant tellement sur les fausses côtes, qu’il les trouva à l’ouverture du cadavre « chevauchant les unes par-dessus les autres. » Il ajoutait que par trop serrer et comprimer les vertèbres du dos, on les jette hors de leur place, ce qui fait que les filles sont bossues et grandement émaciées par faute d’aliment, ce qu’on voit souvent. Revenant ailleurs sur ce sujet, il répétait que « plusieurs filles sont bossues et contrefaites pour avoir en leur jeunesse par trop serré le corps », prétendant que de « mille filles villageoises, on n’en trouve pas une bossue, à raison qu’elles n’ont eu le corps astreint et trop serré » et il engageait les mères et les nourrices « à y prendre exemple ».

A. Paré rangeait encore la pression du ventre chez les femmes grosses, celle que produit le buste ou buse, en particulier, parmi les causes d’avortement, de difformité chez l’enfant, de mort pour lui et la mère. Enfin il allait jusqu’à attribuer à la seule constriction des vêtements, la mort subite d’une jeune mariée au milieu de la cérémonie nuptiale.

Roderic, qui pratiquait à Hambourg vers l’an 1600, fit ressortir comme A. Paré les inconvénients des Corps et des buses de bois, d’ivoire ou de fer pour le développement du fœtus, et ne négligea pas de mentionner cette cause d’avortement dans son Traité des maladies des femmes, publié en 1603.

C’est à peu de distance de là que Ad. Spigel, dans son De humani corporis fabrica, reprochait aux jeûnes filles de se serrer outre mesure, afin d’avoir la taille fine comme un jonc, ut junceæ videantur, et qu’il signalait comme effets de la pression circulaire de la poitrine par les corps chez les jeunes filles la disposition au crachement