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s’écrier avec l’accent d’une conviction profonde, que tous les hommes devraient porter un suspensoir. Ne peut-on pas dire à aussi juste titre que toutes les femmes adultes, pour peu qu’elles aient un embonpoint anormal, devraient porter un corset, vrai suspensoir des glandes mammaires, non moins sensibles que les glandes spermatiques, non moins exposées à des secousses et à des tiraillement dangereux ?

Le docteur Lutaud reconnaît au corset de précieux avantages : C’est là un véritable soutien pour la femme qui constitue en quelque sorte comme le dossier d’une chaise ou d’un fauteuil contre lequel toute la partie supérieure du corps se repose. Le corset est un accessoire indispensable pour soutenir les jupes, les jupons, tous les vêtements inférieurs de la femme dont le poids total atteint sept, huit kilogs, davantage même, depuis que le juponnage a pris tant d’importance. Comment maintenir toute cette masse si l’on n’avait le corset ? Ce ne pourrait être que par des cordons qu’il faudrait forcément serrer beaucoup ce qui ne manquerait pas de blesser la taille.

Le docteur Guiraud, professeur à la Faculté de médecine de Toulouse, écrit en 1900 dans son Manuel pratique d’hygiène et faisant ses restrictions : C’est principalement le corset chez les femmes qui a été accusé de nombreux méfaits. Les reproches de toutes sortes qu’on lui a faits ont été peut-être un peu exagérés. Quelques-uns cependant paraissent mérités. Il est incontestable qu’il comprime l’estomac, abaisse le foie et il est peut-être la cause de certains troubles de la digestion. Il s’oppose à la libre dilatation de la partie inférieure de la cage thoracique. C’est en partie à son usage qu’est due la prédominance de la respiration costo-claviculaire chez la femme. Toutefois il ne faut pas aller trop loin ; c’est l’abus des corsets trop serrés bien plus que l’usage qui doit être incriminé et un corset bien fait ne montant pas trop* haut maintenant les organes sans les comprimer, soutenant les seins, tels que ceux que l’on porte actuellement a plutôt des avantages que des inconvénients.

M. Félix Regnault dit : Il n’est pas mauvais de se serrer l’abdomen. En dehors de l’utilité de cette pratique en temps de famine, en dehors même de l’usage thérapeutique de la ceinture hypogastrique, ne voyons-nous pas les hommes habitués aux exercices physiques se ceindre la taille de la ceinture de gymnastique ? Aussi, est-ce avec raison que M. Charles Blanc nous dit dans l’Art de la parure et dans le vêtement que les races agiles, les Basques,