Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/283

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ment comme physiquement meilleure, la méchanceté diminuant à mesure que la santé augmente.

Vos salons seraient de ravissants édens, en majorité peuplés d’oiseaux, chantant et gazouillant en pleine liberté, même parés et musqués, et non de sombres volières encombrées de pies méchantes et de poules grincheuses.

Passant à un point de vue plus pratique, j’ajouterai, Mesdames, que, avec un corps sain meublé d’un esprit sain, vous seriez mieux armées pour la lutte de la vie, et pour la sélection naturelle ou sociale, voire même pour la guerre des sexes. Ce mode de révéler, par le plein éclat et libre épanouissement de votre être « votre type mental, votre esthétique personnelle, vos intentions profondes » vaudrait cent fois mieux qu’un air souffrant avec une taille autrement fine. Et vous pourriez alors vous recommander de réels sentiments d’altruisme car vous pourriez être plus utiles et plus agréables à votre semblable, moins renfermées que vous seriez en vous-mêmes, partant moins égoïstes.

Par ce temps de revendications féminines, à une époque où se fait sentir le besoin impérieux, la soif insatiable de liberté et d’indépendance, où la raison proteste et as-pire à briser toute entrave, où l’être naturel se rebiffe contre les conventions sociales ou mondaines qui l’ont déformé, ces considérations sont ici à leur place et ne sont pas à dédaigner : stigmate d’esclavage, carcere duro, le corset ajoute à l’infériorité naturelle de la femme et d’autant plus regrettable que celle-ci est consentie, voulue. Apôtres du féminisme, démolissez donc avant tout cette nouvelle Bastille, ou bien transformez-la !!! Que ce soit un confortable et secourable palais, non plus une prison !

Il serait injuste, il est vrai, de ne pas reconnaître les importants progrès qui se sont réalisés dans l’industrie du corset. On ne peut que louer les efforts admirables de ces ardentes réformistes qui se doublent d’incomparables fées du chiffon. Nous ne voyons plus guère aujourd’hui, sur les dames soucieuses de leur santé, et de leur beauté, ces affreux instruments de torture qui gonflant le ventre comme une outre, séparant nettement le corps en deux, le faisaient ressembler à un grotesque et ridicule sablier.

La vraie place de ce corset d’antan est désormais au Musée de Cluny, à côté des corps piqués et des cuirasses de fer de la maléfique Catherine de Médicis.

Néanmoins le dernier cri de la mode n’est pas encore