Page:Observations sur Le festin de pierre.djvu/78

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quelque scrupuleux que vous soyez, que vous ne trouvez rien à reprendre dans la reception qu’on fait à Monsieur Dimanche. Il n’est pas plus tost entré dans la maison, qu'on luy donne le plus beau fauteuil de la salle, et quand il est près de s’en aller, jamais homme ne fut prié de meilleure grace à soupper dans le logis. Je me souviens pourtant encore d’un nouveau sujet que ce Valet vous donne de vous plaindre de luy. N'est-il pas vray que vous souffrez furieusement de le voir à table teste-à-teste avec son Maistre, manger si brutalement à la veuë de tant de beau monde ? En cela je suis pour vous ; je ne me mets jamais si fort dans les interests de mes amis, que je ne me laisse plustost guider par la justice que par la passion de les servir. Comme je vois qu‘on ne sçauroit tascher de mettre à couvert Monsieur de Moliere d'un reproche si bien fondé, qu'on ne se declare l’Ennemy de la raison et le Protecteur d'un coupable, j‘abandonne sans regret son party, puisqu’il n’est plus bon, et confesse avec vous que ce Valet est mal propre et qu’il ne mange point comme il faut.

Mais puisque vous me voyez si sincere, à mon exemple ne voulez-vous point le devenir? Soustiendrez-vous tousjours que Monsieur de Moliere est impie, parce que ses Ouvrages sont galants et qu’il a sçeu trouver le moyeu de plaire ?

On se seroit bien passé, dites-vous, des postures qu’il fait dans la representation de son Ecolle des Femmes ; mais puisque vous sçavez qu’il a tousjours mieux reussi dons le comique que dans le sérieux, devez-vous le blasmer de