Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/52

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Il passa la main sur la poire de la trompe, gonfla ses joues, souffla :

— Beuh ? Beuh ?…

— Oui…

— C’est joli… Et vous allez à Krefeld ?

— Non… à Dusseldorf…

— À Dusseldorf ?… Sapristi !… Alors, dépêchez-vous… Houp !… Houp !… Houp !

Il me frappa amicalement sur l’épaule :

— Français, hein ?…

— Oui…

Il me serra fortement la main, et, m’indiquant la route :

— Dusseldorf… la première à droite… À Emmerich, vous passez le Rhin, sur le bac… Houp ! Houp !

Je demandai :

— La route est mauvaise, hein ?

— Mauvaise ?… C’est comme du parquet ciré… Houp !

Avant de virer, selon les indications du douanier, je me retournai… Je le vis planté au milieu de la route, qui agitait en l’air sa casquette, en signe de bon voyage.

Nous fûmes longtemps à revenir de notre étonnement.

— Ça doit cacher quelque chose de terrible, dit l’un de nous… Attention, Brossette… Et pas si vite !

C’est ainsi que nous entrâmes en Allemagne.



Vers Rocroy.


Pour l’instant, nous n’avons même pas franchi la frontière belge, et nous roulons toujours vers Givet.

Première journée désagréable.