Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il n’est point ici bas de clarté sans nuage :
La colonne qui luit dans ce désert affreux,
Tourne aussi quelquefois son côté ténébreux.
Puissent mes heureux chants consoler le fidèle
Et puissent-ils aussi confondre le rebelle !
L’hommage t’en est dû, je te l’offre, ô grand roi,
L’objet de mes travaux les rend digne de toi.
Quand de l’impiété poursuivant l’insolence,
De la religion j’embrasse la défense ;
Oserais-je tenter ces chemins non frayés,
Si tu n’étais l’appui de mes pas effrayés ?
Ton nom, roi très chrétien, fils aîné d’une mère
Dont les droits, la beauté, la gloire t’est si chère ;
Ton nom seul me rassure, et mieux que tous mes vers,
Confond les ennemis du maître que tu sers.
Et toi, de tous les cœurs la certaine espérance,
Et du bonheur public la seconde assurance,
Cher prince, en qui le ciel fait croître chaque jour
Les grâces et l’esprit, autant que notre amour ;
Dans le hardi projet de mon pénible ouvrage
Daigne au moins d’un regard animer mon courage ;
C’est ta foi que je chante ; et ceux dont tu la tiens
En furent de tout temps les augustes soutiens.
Oui, c’est un dieu caché que le dieu qu’il faut croire.
Mais tout caché qu’il est, pour révéler sa gloire
Quels témoins éclatants devant moi rassemblés !
Répondez, cieux et mers ; et vous, terre, parlez.