Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/133

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Quel bras peut vous suspendre, innombrables étoiles ?
Nuit brillante, dis-nous qui t’a donné tes voiles ?
Ô cieux, que de grandeur, et quelle majesté !
J’y reconnais un maître à qui rien n’a coûté.
Dans vos vastes déserts il sème la lumière,
Ainsi que dans nos champs il sème la poussière.
Toi qu’annonce l’aurore, admirable flambeau,
Astre toujours le même, astre toujours nouveau,
Par quel ordre, ô soleil, viens-tu du sein de l’onde
Nous rendre les rayons de ta clarté féconde ?
Tous les jours je t’attends, tu reviens tous les jours :
Est-ce moi qui t’appelle, et qui règle ton cours ?
Et toi dont le courroux veut engloutir la terre,
Mer terrible, en ton lit quelle main te resserre ?
Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts ;
La rage de tes flots expire sur tes bords.
Fais sentir ta vengeance à ceux dont l’avarice
Sur ton perfide sein va chercher son supplice.
Hélas ! Prêts à périr, t’adressent-ils leurs voues ?
Ils regardent le ciel, secours des malheureux.
La nature qui parle en ce péril extrême,
Leur fait lever les mains vers l’asile suprême :
Hommage que toujours rend un cœur effrayé
Au Dieu que jusqu’alors il avait oublié.
La voix de l’univers à ce Dieu me rappelle.
La terre le publie. Est-ce moi, me dit-elle,
Est-ce moi qui produis mes riches ornements ?
C’est celui dont la main posa mes fondements.
Si je sers tes besoins, c’est lui qui me l’ordonne :
Les présents qu’il me fait, c’est à toi qu’il les donne.