Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/143

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Un ennemi caché qui réduit en poussière
De toutes nos grandeurs la pompe la plus fière.
Peuples, rois, vous mourrez, et vous villes aussi :
Là gît Lacédémone, Athènes fut ici.
Quels cadavres épars dans la Grèce déserte !
Eh que vois-je partout ! La terre n’est couverte
Que de palais détruits, de trônes renversés,
Que de lauriers flétris, que de sceptres brisés.
Où sont, fière Memphis, tes merveilles divines ?
Le temps a dévoré jusques à tes ruines.
Que de riches tombeaux élevés en tous lieux,
Superbes monuments, qui portent jusqu’aux cieux
Du néant des humains l’orgueilleux témoignage !
A ce pouvoir si craint, tout mortel rend hommage :
Et devant son idole un barbare à genoux,
D’un être destructeur croit fléchir le courroux.
Ces épaisses forêts qui couvrent les contrées,
Par un vaste océan des nôtres séparées,
Renferment, dira-t-on, de tranquilles mortels,
Qui jamais à des dieux n’ont élevé d’autels.
Quand d’obscurs voyageurs racontent ces nouvelles,
Croirai-je des témoins tant de fois infidèles ?