Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/169

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Leur roi promis du ciel, s’il n’en peut point descendre,
Si son terme est passé, pourquoi toujours l’attendre ?
Ils attendront toujours : cet oracle est rendu :
Le voile tant prédit est sur eux étendu.
Des antiques auteurs de ce fameux volume,
Dieu, qui seul sait les temps, a donc conduit la plume.
Sans doute il est sacré ce livre dont je vois
Tant de prédictions s’accomplir devant moi.
Respectant désormais sa vérité divine,
De la religion j’y cherche l’origine.
Je l’ouvre, et lis d’abord que brillant de splendeur
L’homme à peine formé contemplait sa grandeur,
Qu’il ne put sans orgueil soutenir tant de gloire.
A l’ange séducteur il céda la victoire,
Et perdit tous ses droits à la félicité,
Droits qu’il aurait transmis à sa postérité,
Mais que révoqua tous la suprême justice.
L’immuable décret d’un éternel supplice
Réglait déjà le sort de l’ange ténébreux.
Coupable comme lui, toutefois plus heureux,
Quand tout, pour nous punir, s’armait dans la nature,
L’homme entendit parler d’une grâce future :
Et dans le même arrêt dont il fut accablé,
Par un mot d’espérance il se vit consolé.
A cet instant commence et se suit d’âge en âge,
De l’homme réparé l’auguste et grand ouvrage ;