Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/170

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Et son réparateur alors comme aujourd’hui,
Ou promis, ou donné, réunit tout en lui.
On peut donc l’expliquer par ce livre admirable,
Aux Platons, comme à moi l’énigme inconcevable.
Le nuage s’écarte, et mes yeux sont ouverts.
Je vois le coup fatal qui change l’univers :
J’y vois entrer le crime et son désordre extrême.
Enfin je ne suis plus un mystère à moi-même.
Le nœud se développe, un rayon qui me luit,
De ce sombre chaos a dissipé la nuit.
Mais l’enfant innocent peut-il pour héritage ?…
Ce doute seul, hélas ! Ramène le nuage,
Et ce n’est plus encor qu’un chaos que je vois.
Dieu, l’homme, et l’univers, tout y rentre pour moi.
Quand je crois, la lumière aussitôt m’est rendue :
Dieu, l’homme, et l’univers tout revient à ma vue.
L’ouvrage fut parfait, il est défiguré.
Apprenons à quel point l’homme s’est égaré.
Le père criminel d’une race proscrite
Peupla d’infortunés une terre maudite.
Pour prolonger des jours destinés aux douleurs,
Naissent les premiers arts, enfants de nos malheurs.
La branche en longs éclats cède au bras qui l’arrache :
Par le fer façonnée elle allonge la hache ;
L’homme avec son secours, non sans un long effort,
Ebranle, et fait tomber l’arbre dont elle sort :
Et tandis qu’au fuseau la laine obéissante
Suit une main légère, une main plus pesante
Frappe à coups redoublés l’enclume qui gémit,
La lime mord l’acier, et l’oreille en frémit.