Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans le temps que ce Dieu parmi nous daigna vivre,
L’aurais-je mieux connu, quand j’aurais pu le suivre
Des rives du Jourdain, au sommet du Thabor ?
Non, maintenant sa gloire éclate plus encor.
Je vois à ses côtés Moïse avec Elie.
Tout prophète l’annonce, et la loi le publie.
Ses apôtres enfin sont sortis du sommeil.
Que de nouveaux témoins m’a produit leur réveil !
C’est en mourant pour lui, qu’ils lui rendent hommage :
Ils sont tous égorgés ; voilà leur témoignage.
Je le vois : c’est lui-même, et je n’en puis douter.
Mais c’est peu de le voir, il le faut écouter :
La voix de tout ce sang que l’amour fit répandre,
Me répète la voix que le ciel fit entendre,
Quand le Thabor brilla de l’un de ses rayons,
Oui, c’est ce fils si cher : écoutons, et croyons.
Le joug qu’il nous impose est, dit-on, trop pénible ;
Ses dogmes sont obscurs ; sa morale est terrible ;
Nos esprits et nos cœurs sont en captivité.
D’une nouvelle ardeur justement transporté,
De ces plaintes je veux repousser l’injustice :
Il n’est pas temps encor que ma course finisse :
Poursuivons le déiste en ses détours divers.
Quel sujet fut plus grand, et plus digne des vers ?