Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/60

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C’est-là qu’on n’entend plus ni plaintes ni soupirs :
Le cœur n’a plus alors ni craintes, ni desirs.
L’église enfin triomphe ; et brillante de gloire
Fait retentir le ciel des chants de sa victoire.
Elle chante, tandis qu’esclaves, désolés
Nous gémissons encor sur la terre exilés.
Près de l’Euphrate assis nous pleurons sur ses rives :
Une juste douleur tient nos langues captives.
Eh, comment pourrions-nous au milieu des méchans,
O céleste Sion, faire entendre tes chants !
Hélas ! Nous nous taisons : nos lyres détendues
Languissent en silence aux saules suspendues.
Que mon exil est long ! ô tranquile cité !
Sainte Jerusalem ! ô chere éternité !
Quand irai-je au torrent de ta volupté pure
Boire l’heureux oubli des peines que j’endure !
Quand irai-je goûter ton adorable paix !
Quand verrai-je ce jour qui ne finit jamais !