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100 ROKEBY.

LE CHOEUR.

Mais souviens-toi de ces lieus enchanteurs,

Viens y goûter la fraîcheur du rivage :

Viens quelquefois, à l’ombre du bocage,

Du mois de mai cueillir les jeunes fleurs.

XVIII.

Lorsque Edmond eut terminé sa simple ballade, il régna un moment de silence parmi ses farouches compagnons, jusqu’à ce qu’un ménestrel plus grossier réveillât leurs joyeux transports par une chanson moins gracieuse.

Cependant Bertram et Denzil, se retirant à l’écart, concertent entre eux des projets importans et hardis. L’avidité de Bertram convoitait toujours les trésors de Mortham, quoiqu’il hésitât d’en parler, comme s’il eût craint que ses paroles, en exprimant ses désirs, n’évoquassent encore un fantôme du fond des entrailles de la terre.

XIX.

Enfin il se décide à faire son merveilleux récit. Denzil sourit avec dédain : élevé dans la licence d’une cour, Denzil riait de la religion elle-même comment n’eût-il pas ri de ces visions fantastiques ? Le respect que lui inspire Bertram retient à peine le ton railleur de l’incrédule bandit. — Il serait difficile, lui dit-il, même pour un saint ou un magicien, de faire cesser le sujet de vos craintes, et pour moi je n’entends rien à l’art fameux d’expliquer les songes et les présages. Mais si vous voulez me forcer à croire qu’un spectre s’amuse à faire sentinelle auprès d’un trésor ; comme un dogue vigilant qui garde le toit de son maître et effraie les pillards, il me restera un doute : il me semble que votre fantôme a mal choisi le lieu de ses apparitions : qu’a-t-il à à faire dans les domaines de Mortham, lorsque c’est le château de Rokeby qui renferme l’or que votre seigneur a conquis dans les parages de l’Inde, par ses rapines, ses pirateries et ses brigandages ?