Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/107

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CHANT TROISIÈME. 101

XX.

Il s’arrête à ces mots… La honte et la colère rembrunissent le front de Risingham, qui rougit de penser qu’on ose le prendre pour le crédule défenseur d’un rêve ridicule ; mais il cherche un autre prétexte à son ressentiment.

— Denzil, quoique Mortham ne soit plus, lui dit-il ; garde-toi d’outrager la mémoire de ce chef dont le seul regard te faisait trembler pendant sa vie ! Lorsqu’il te condamna pour avoir violé ta promesse à la belle Rose d’Allenford, ne te vis-je-pas ramper à ses pieds comme un limier châtié par le fouet du chasseur ? Quant aux richesses qu’il acquit dans des contrées lointaines, cesse de les appeler le fruit de la piraterie et de la rapine : il les conquit bravement à la pointe de son épée, lorsque l’Espagne osa déclarer, la guerre à notre pavillon ; retiens bien aussi ce qu’il me reste à te dire. Je n’aime pas de vaines railleries : garde-toi d’allier le nom de Bertram avec celui d’une terreur qui lui est inconnue. Je ne par-tage qu’à demi la destinée de Satan… Je crois, mais je ne sais pas trembler… J’en ai assez dit à ce sujet… Dis-moi maintenant, quelles preuves as-tu que le trésor de Mortham soit dans le château de Rokeby ? Comment se peut-il que Mortham ait confié ce qu’il avait deplus précieux à l’ennemi de son parti ?

XXI.

Les railleries imprudentes de Denzil furent bientôt étouffées ; il eût mieux aimé voir la terre s’entr’ouvrir et donner naissance à mille fantômes, que d’allumer la terrible colère de Risingham : il- répondit d’un ton soumis. — Tu sais que le caractère de Mortham était peu porté à la gaieté ; moins sévère dans sa jeunesse, il avait, dit-on, jadis aimé les plaisirs ; mais depuis son retour d’outre-mer, de sombres caprices ne cessaient de le troubler. Voilà sans doute pourquoi il refusait de venir chercher l’hospitalité dans le château de son parent ; aussi notre

102 ROKEBY.