Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/113

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E. 107

oublier la fuite des heures ; tu le sais, quand rien ne les occupe, ces hommes turbulens sont prêts à se mutiner. Mais il vient d’accorder son instrument harmonieux… Voici un autre chant qui appelle notre attention.

XXX. ALLEN-A-DALE.

Quels lieux, Allen-a-Dale, ombragent tes forêts ?

Allen-a-Dale, &sont tes troupeaux, tes guérets ?

« Je n’ai, répondait-il, ni troupeaux ni domaines,

« Mais de l’or pour gagner le cœur des châtelaines »

Venez donc deviner mon sort mystérieux ;

Devinez qui je suis, vous êtes curieux !

Voyez le beau coursier du baron d’Arkindale,

Écoutez-le vanter ses fertiles sillons,

Son lac et son château, ses bois et ses vallons.

Mais dites-moi, qu’est-il auprès d’Allen-a-Dale ?

Plus que le fier baron je suis maître en ces lieux ;

Devinez mon secret, vous êtes curieux !

Jamais Allen-a-Dale à la chevalerie

Ne daigna réclamer ses éperons dorés ;

Il ne saurait avoir ni rang ni baronnie,

Cependant à sa voix vingt glaives sont tirés.

Maint guerrier le voyant passer sur le Stanmore,

De loin le reconnaît, de son salut s’honore.

Allen-a-Dale aimait une belle aux yeux bleus,

La mère veut savoir son rang et sa famille.

Voyez, lui répond-il, cette voûte qui brille

Pendant l’obscure nuit d’astres si radieux :

Eh bien, c’est mon palais, éclairé pour ma fête ;

En est-il de plus beau pour abriter ma tête ?

Le père le refuse, et la mère en courroux

Lui défend de revoir sa maîtresse chérie !

Mais quel fut leur chagrin ! leur fille au rendez-vous

Va rejoindre l’amant qui l’avait attendrie.

Cet amant quel est-il ? — Vous êtes curieux !

C’était Allen-a-Dale au nom mystérieux.

XXXI.

— Tu vois, dit Denzil à Bertram, que, mélancoliques ou gaies, ses ballades parlent toujours un peu d’amour.