Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/178

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172 ROKEBY.

ennemi peut assouvir ta fureur, fais tomber toute ta fureur sur ma tête ! Epargne le sang de Rokeby ; que le mien seul soit répandu. —

Wycliffe eût bien voulu satisfaire ce généreux désir mais sa crainte prévalut, et il ne répondit rien.

XXIX.

Il espère que Matilde sera plus facile à émouvoir, et il cherche à l’effrayer à son tour.

— Une alliance entre vous et mon fils, lui dit-il tout bas, change le sort de Rokeby, et le réconcilie avec le,parti vainqueur. Consentez à -nommer Wilfrid vôtre ; Époux, et tout cet appareil de terreur disparaîtra comme le rêve d’un matin. Persistez dans votre refus, je n’écoute puis que mon devoir, je dis une seule parole…, et vous savez le reste.

Matilde, immobile d’effroi en entendant cette cruelle sentence, est aussi pâle que la jeune fille qui, venant de succomber victime d’un amour sans espoir, est enveloppée dans son suaire. Elle joint ses mains avec une expression de douleur, et jette autour d’elle des regards égarés, qui tantôt s’arrêtent sur l’échafaud, et tantôt sur le front inflexible de Wycliffe. Elle se voile enfin le visage, et dit d’une vois éteinte

Mon choix est fait ; qu’on épargne mon père et Redmond !… Que Wilfrid décide lui-même de mon sort… Il fut naguère généreux.

A ces mots le sombre Wycliffe laisse éclater sa joie, et appelle Wilfrid d’une voix triomphante : — Wilfrid, qui a donc pu te retenir si long-temps ? Pourquoi t’appuyer ainsi sur le bras de Basil ? Tu restes immobile, comme si un magicien t’avait touché de sa baguette !… Fléchis donc le genou, et prends cette main qui consent à s’unir à la tienne… Remercie Matilde avec transport… Amant timide ! est-ce par des larmes et cet air mourant que tu devrais exprimer ta joie !

Arrêtez, ô mon père., répond Wilfrid ; écoutez votre