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206 LES FIANÇAILLES DE TRIERMAIN.

côté ; les casques et les lances étincellent ; les hauberts d’acier retentissent : les costumes de la paix sont dédaignés, les ramasse qui veut ; des colliers de perle et des draps d’or brillent sur les ronces et sur les buissons.

XVII.

Le son de la trompette rassemble cinquante chevaliers de la table ronde : tous se présentent pour disputer le noble prix qui leur est offert ; tous, excepté trois. Ni la foi d’un amour partagé, ni les sermens de l’hymen ne peuvent arrêter ces preux ; l’hymen pardonne un vœu violé à celui qui fait pénitence ou qui achète l’indulgence avec l’or.

En vain les dames soupirent et regardent ces combattans pour leur rappeler leurs droits, les gages de l’amour et de la loyauté ; les chevaliers sont si occupés de leurs baudriers et de leurs éperons, qu’ils n’entendent ni ne voient les soupirs et les coups d’œil de leurs dames ; chacun d’eux détourne la tête et se dit à lui même : — Si ma lance me seconde, une reine devient ma fiancée ; elle m’apporte pour dot Strath-Clyde, Reged, la ville et le château de Carlisle, et de plus, jamais couronne ne ceignit le front d’une princesse aussi belle.

Ils se hâtent donc de se mettre en selle et de baisser leurs visières.

XVIII.

Tous les champions, armés de pied en cap, sont réunis dans l’arène ; il n’est que trois chevaliers de la cour d’Arthur qui manquent au tournoi. La renommée proclame encore ces trois amans comme des modèles de constance : deux d’entre eux aimaient la femme de leur prochain, et un seul la sienne ; le premier était Lancelot du Lac, le second Tristan, et le troisième ce valeureux Carodac qui gagna la coupe d’or quand il sortit triomphant de cette plaisante épreuve qui convainquit tous les courtisans d’Arthur que Carodac était le seul dont la femme fût