Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

BLE

aucun voyageur de venir en tilbury, en calèche ou en diligence, visiter le château des Sept-Boucliers. L’état dans lequel on le trouve aujourd’hui ne confirme guère la ballade de Hugues Meneville. On ne voit même plus sur la bruyère sauvage d’autres tours que celles que l’imagination y bâtit ; et excepté un fossé dont les bords entretiennent quelques touffes de gazon, il ne reste aucune ruine qui rappelle un ancien édifice.

Cependant de graves auteurs ont daigné consacrer leurs veilles précieuses à ce château. magique ; dans leurs savantes théories, ils ont voulu prouver que c’était une citadelle construite par des légions romaines pour arrêter les envahissemens des peuples de la Calédonie. Je pourrais citer Hutchinson, Horsley et Camden, mais j’aime mieux consulter les traditions moins savantes des habitans des campagnes, qui, lorsque l’origine des monumens se perd dans la nuit des siècles, les attribuent au dieu du mal, et choisissent volontiers l’ange de l’enfer pour leur grand architecte.

II.

Je dis donc que ce fut sur un château magique, que le fier comte Harold fixa ses regards surpris. La rosée du soir humectait les fleurs de la bruyère. Les derniers rayons du soleil couronnaient les montagnes comme d’une couche de feu, et doraient les créneaux des tours antiques avant de s’éteindre dans les ondes. L’intrépide paladin danois admire les sept boucliers. suspendus à chacune des portes, et les armoiries dont ils sont ornés.

Celui du prince de Galles portait un loup, et celui de Rhys de Powis un cerf. L’emblème du roi de Strath Clwyd était une barque échouée : On reconnaissait le bouclier de Donald de Galloway,à un. cheval au galop. Un épi d’or attestait la fertilité de la contrée d’ou le roi de Lodon était venu. Les armes de Dunmail étaient une dague. Enfin, l’écu d’Adolphe offrait un rocher battu par les flots et surmonté d’une croix.