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CHANT SIXIÈME. 45

Telles étaient les différentes armoiries de ces antiques boucliers.

III.

Le comte Harold s’avança ensuite vers la porte massive du château, dont les verrous étaient usés par la rouille ; cependant aucun chevalier n’eût osé tenter de franchir ce passage devenu si facile. Plus forte que des bataillons armés, la terreur et l’épouvante en défendaient l’approche, et opposaient aux assaillans des obstacles plus insurmontables que les verrous et les barres de fer. La superstition y rassemblait des ennemis surnaturels, et y élevait des remparts magiques.

Mais aujourd’hui tous ses enchantemens sont inutiles, Harold renverse la porte d’un bras puissant, et pénètre dans le château. Le vent du soir ébranla soudain les trophées d’armes qui ornaient ces antiques murailles, et fit entendre comme un gémissement lugubre. Ce bruit, dans un semblable lieu, eût glacé d’effroi tout autre cœur que celui d’Harold. Mais le fils de Witikind n’éprouva que ce frémissement que cause aux héros l’approche désirée d’une aventure périlleuse.

IV.

Cependant le Danois et son page n’aperçoivent rien qui annonce la menace d’un danger prochain. Les cours et les corridors sont déserts et solitaires. Ils visitent les sept tours, et trouvent dans chacune d’elles l’appartement d’un roi, et une couche richement ornée, comme si c’eût été la veille que l’hymen des sept princesses avait été célébré ; les tables étaient encore servies avec pompe, et cependant deux siècles s’étaient écoulés depuis cette fête fatale. On y remarquait les flacons,la vaisselle et des coupes du plus précieux métal (un peu terni, il est vrai), un trône orné de drap d’or et d’un dais superbe ; enfin, l’antique tapisserie partagée en lambeaux aussi minces que le fragile tissu d’Arachné.

46 HAROLD L’INDOMPTABLE.