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marquée de mon sceau dès le jour de sa naissance. Penses-tu qu’un prêtre pourra l’effacer avec quelques gouttes d’eau, ou qu’un nom et un sexe empruntés anéantiront les droits d’un dieu ?

Ces étranges paroles égarent la raison d’Harold ; il grince des dents avec dépit et rage, car sa nouvelle foi n’a pas encore dompté entièrement son ancienne impétuosité. — J’oserai te braver, s’écrie-t-il, au nom d’une croyance plus pure et d’un ciel plus digne de la vertu, qui viennent de m’être révélés. — Il saisit sa massue, et un combat s’engage entre le mortel et le démon.

XVI.

Des nuages de fumée obscurcirent le ciel ; la terre trembla ; mais ni les feux des enfers, ni la foudre, ni le château ébranlé dans ses fondemens ne purent lasser le courage d’Harold. Dompté par une force supérieure, le démon s’évanouit avec l’orage, et le paladin du nord emporta son Eivir loin de ce lieu de terreur, pour la rendre à la lumière, à la liberté et à la vie,

XVII.

Il la déposa sur un banc de mousse. Non loin de là murmurait un ruisseau aux flots argentés. Des pensées nouvelles troublent l’âme d’Harold ; des craintes jusqu’alors inconnues agitent tous ses sens, pendant qu’il jette d’une main timide quelques gouttes d’eau sur le front de celle qui fut son page ; il voit les couleurs de la vie embellir de nouveau de leur incarnat les joues de cette Eivir si tendre et si fidèle. — Comment ai-je pu, disait-il en lui-même, ne pas la deviner aux tresses de ses blonds cheveux ? Comment les vêtemens d’un page ont-ils suffi pour me cacher les émotions de ce sein blanc comme la neige ? Insensé que j’étais d’aller chercher le carnage et la mort à travers les flots et les déserts, quand j’avais auprès de moi une telle compagne !

XVIII.

Se regardant ensuite dans le miroir de l’onde, il est

52 HAROLD L’INDOMPTABLE.

honteux du désordr