Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/94

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88 ROILEBY.

lentes ballades et te récompense avec de douces parole ; lorsqu’un sentier pénible s’offre à vous, elle demande ou accepte du moins le secours de ta main ; mais elle évite celle de Redmond, et ne la prend qu’avec répugnance quand ses prières pressantes l’y forcent, tandis que sa secrète inclination se laisse deviner dans ses regards baissés et la rougeur de son front. L’entend-elle chanter, elle se glisse auprès de lui ; ses yeux expriment le ravissement de son âme, mais elle hésite encore à lui accorder la louange la plus simple. Voilà, crois-moi, Wilfrid, des preuves certaines… Mais cesse de soupirer comme une femme, et d’essuyer tes yeux baignés de larmes ! Matilde peut encore être à toi, si tu veux suivre les conseils que te donnera l’amitié d’un père.

XXXI.

A peine étais-tu parti, qu’avec le retour de l’aurore sont arrivées les véritables nouvelles de la bataille de Marston. Le vaillant Cromwell a fait changer la fortune, et, grâces à lui, la victoire s’est déclarée pour la bonne cause. Dix mille cavaliers ennemis sont restés étendus sans vie. Le prince Rupert et l’orgueilleux marquis de Newcastle ont pris la fuite. Ces barons et ces gentilshommes ; naguère si arrogans, sont réduits à racheter par une rançon leur liberté et leurs domaines. Parmi les prisonniers qu’on a confiés à ma garde est Rokeby. Redmond, son page, est venu me prévenir qu’il doit arriver aujourd’hui à la forteresse de Barnard. Sa délivrance lui coûtera cher, à moins que Matilde ne soit docile à tes vœux. Va donc la trouver, aie bon courage ; profite du moment où son âme flottera entre la crainte et l’espérance, c’est dans cette incertitude que le cœur d’une femme est surtout facile à séduire… L’orgueil, les préventions et la pudeur ne sont plus que des mots pour l’amant adroit qui sait profiter du moment favo