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J’oubliais mon enfant, ne voyant plus qu’un ange,
Et souvent, près de toi, dans une extase étrange,
Rêvant que j’admirais un messager du ciel,
Je priais à tes pieds, comme au pied d’un autel…
Et, quand tu t’éveillais, tu souriais encore :
On eût dit, au printemps, le réveil de l’aurore ;
Avec toi, se levait, dans le fond de nos cœurs,
Tout ce que la maison renfermait de bonheurs :
Avant que de parler tu te faisais comprendre ;
Ta bouche était si rose et ton regard si tendre,
Que, rien qu’en te voyant, je devinais soudain
Ce que voulait ton cœur ou demandait ta main…
Alors, je te couvrais de si longues caresses,
Je dévorais ton front de si vives tendresses,
Que ta mère souvent s’est prise à m’accuser
De ternir ta fraîcheur au feu de mon baiser.
Plus tard, quand tu marchas sans l’aide de ta mère,
Comme j’étais heureux et fier d’être ton père !
Comme mon cœur battait quand, te donnant la main,
Les passants, pour te voir, s’arrêtaient en chemin !
Comme nous nous plaisions à te couvrir de soie !…
Te voir aussi jolie était toute ma joie.
Et, que ce fût amour, erreur ou vanité,
Rien n’était assez beau pour parer ta beauté !…
Et tu le savais bien, innocente coquette !…
Lorsque l’on t’admirait, tu relevais la tête,