Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses lois, quelle est la portée de ces lois, quelles sont leurs limites, quelles sont leurs applications légitimes. Telle est l’œuvre de la réflexion ».

Et c’est avant tout cela qu’il semble qu’on peut se croire un droit ! C’est avant tout cela qu’il semble qu’on peut se dire : il n’y a dans mon fait rien de volontaire, les vérités que la raison me découvre, ne viennent pas de moi, elles ne sont pas mon ouvrage, je m’incline moi-même devant elles, comme venant d’en haut ; j’ai donc jusqu’à un certain point le droit de les imposer aux autres ! Oui, avant tout cela ; à moins que de dire que c’est à la suite de la réflexion que l’on fait une telle découverte, que c’est sur l’autorité de la réflexion que l’on se rend ce témoignage.

Je ne puis à moins ici, quoique le sache quels charmes a une digression dans un verbiage, que de vous marquer la ressemblance frappante qu’il me semble voir entre la marche que vous suivez dans cet endroit et celle d’un de vos confrères. C’est encore vous qui m’avez fourni matière à ce rapprochement : et c’est dans la 11.me leçon de 1829, p. 459.

« Descartes recherche quel est le point de départ fixe et certain sur lequel peut s’appuyer la philosophie. Il se trouve que la pensée peut tout mettre en question, tout, excepté elle-même. En effet, quand on douterait de toutes choses, on ne pourrait au moins douter qu’on doute : or, douter c’est penser ; d’où il suit qu’on ne peut douter qu’on pense, et que la pensée ne peut se renier elle-même, car elle ne le ferait qu’avec elle-même. Là est un cercle dont il est impossible au scepticisme de sortir ; là est donc le point de départ ferme et certain cherché par Descartes ; et comme la pensée nous est donnée dans la conscience, voilà la conscience prise comme le point de départ et le théâtre de toute recherche philosophique.