Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/55

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« Suivez bien les conséquences que renferme ce principe. Je pense, et puisque je ne peux douter que je pense, je ne peux douter que je suis, en tant que je pense. Ainsi je pense, donc je suis, et l’existence m’est donnée dans la pensée. Première conséquence ; voici la seconde :

« Quel est le caractère de la pensée ? c’est d’être invisible, intangible, impondérable, inétendue, simple. Or, si de l’attribut au sujet la conclusion est bonne... »

C’est ici que je m’arrête ; car il ne serait pas de la plus parfaite convenance, même ayant une bonne observation à faire, de dire : c’est ici que je vous arrête vous et Descartes ; c’est donc ici que je m’arrête, et dis : quoi ? qu’est-ce ? il y a de bonnes et de mauvaises conclusions ? Voilà bien du nouveau : ou, pour mieux dire, voilà bien du vieux, qui n’a que faire dans cette argumentation, justement par ce que c’est vieux et que tout le vieux en est exclu. Et puis il y a encore des sujets et des attributs ? D’où diantre cela est-il sorti ? Quoi donc ! Il se trouvait tout-à-l’heure que la pensée peut tout mettre en question ; tout, excepté elle-même ; et la voilà qui arrive avec rien moins qu’une logique toute faite, qu’elle ne songe pas même à mettre en question, qu’elle affirme, qu’elle atteste, qu’elle applique avec une bonne foi et une distraction admirables ; la voilà qui croit imperturbablement des généralités telles que le sujet et l’attribut puisqu’elle s’en fait l’application spéciale à elle-même. Quoi ! dis-je : Sont-ce là les conditions que Descartes avait faites avec le scepticisme ? Il prétendait le faire convenir d’une chose, d’une seule chose, et de n’affirmer par conséquent que ce qui s’ensuivrait rigoureusement de celle-là : et dès le second pas, pour faire même ce second pas, il suppose comme établi quelque autre chose, une foule de choses dont on n’a parlé le moins du monde : cette pensée qui jusqu’alors ne