Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/65

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c’est parce que vous veniez effectivement de les nier. C’est avec vos paroles que je dois le démontrer ; mais pour que la démonstration soit un peu cossue, il me faut les reprendre d’un peu plus haut, pas plus haut pourtant que la page antécédente.

Là, après avoir proclamé « l’unité des idées fondamentales qui dérivent du développement le plus immédiat de la raison », vous venez à dire :

« Cependant sous cette unité sont des différences ; il y a dans le genre humain, de siècle à siècle, de peuple à peuple, d’individu à individu, des différences manifestes. Il ne faut pas les nier, il faut les comprendre, et rechercher d’où elles viennent. D’où peuvent-elles venir ? d’une seule cause. La raison se développe de deux manières : ou spontanément, ou réflexivement. Spontanéité ou réflexion... il n’y a pas d’autre forme de la pensée. Or, nous avons vu que la spontanéité n’admet guère de différences essentielles ».

Vu ? J’ai vu que vous affirmez quelque chose qui ressemble à cela ; pas davantage. Mais ce n’est pas cela que je poursuis à présent ; continuons :

« Reste donc que les différences frappantes qui se voient dans l’espèce humaine, naissent de la réflexion. Une analyse sérieuse de la réflexion change cette induction en un fait certain ».

Eh bien, je soutiens que de cette analyse, je dis de celle que vous donnez vous-même, il résulte, non que la spontanéité n’admette guère de différences essentielles, mais qu’elle n’en admet d’aucune sorte ; non que les différences frappantes, mais que toutes les différences qui se voient dans l’espèce humaine, naissent de la réflexion.

Pour le démontrer, je n’ai qu’à transcrire quelques lignes de plus.

« A quelle condition, Messieurs, réfléchissez-vous ? à la condition de la mémoire. A quelle condition y a-t-il mémoire ? à la condition du temps, c’est-