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DE L’AUTHENTICITÉ

ne s’est point élevé à quelque faible notion d’un être supérieur ? On s’explique l’indifférence d’Ossian par celle de son temps, car l’œuvre d’un grand poète est le miroir fidèle des connaissances de son siècle et des mœurs de ses contemporains. Ossian chantait à l’une de ces époques de tiédeur religieuse où, à un culte qui s’éteint, succède un culte qui vient de naître[1]. Le jour du Christianisme ne s’était point encore levé sur les peuples du Nord. Ils ne croyaient plus au pouvoir mystique des Druides, mais ils ne croyaient point encore dans cette foi nouvelle dont l’aube

  1. Macpherson pense qu’Ossian vivait à la fin du troisième siècle et au commencement du quatrième et qu’il est demeuré étranger aux dogmes du christianisme. Il est certain que ses poèmes n’en font nulle part mention. La persécution commencée par Dioclétien l’an 303 est l’époque présumable de l’introduction du christianisme dans le nord de la Bretagne. Le caractère doux et humain de Constantius Chlorus qui commandait alors en Angleterre et dans les Gaules, porta les Chrétiens persécutés à y venir chercher un refuge. Quelques-uns d’entre eux, soit par zèle de prosélytisme, soit par crainte des persécuteurs, sortirent du giron de l’empire romain et vinrent s’établir chez les Calédoniens dont les esprits alors devaient être disposés à de nouvelles doctrines, car le culte druidique était depuis longtemps universellement méprisé.

    Ces missionnaires, ou par choix ou pour donner plus de poids aux doctrines qu’ils soutenaient, prirent possession des