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rôle important dans le mouvement littéraire. Il fonda la revue Messager de l’Europe, qui existe encore de nos jours, et propagea le goût de la lecture. Karamzine est le continuateur de Lomonossov dans le domaine linguistique, il prépare la voie à Pouchkine (1799-1837), le plus grand poète russe qui jeta les jalons de la littérature russe moderne.

Pouchkine purifie définitivement — avec Gogol — la langue littéraire et consacre à jamais la limpidité de ses expressions, bien différentes des phrases tortueuses et obscures de Lomonossov et de Karamzine. Pouchkine ouvre glorieusement le siècle de Tolstoï. N’oublions cependant pas les poètes, de grand mérite, qui sont à cheval sur les deux siècles ou contemporains de Pouchkine : Joukovsky (1783-1852), Griboiédov (1795-1829), Lermontov (1814-1841), Krylov (1768-1845).

Joukovsky se fit connaître par Le Chantre dans les rangs des guerriers russes, ode à propos des événements de 1812. Il est surtout l’adaptateur de Schiller, de Byron, des poètes grecs ; son œuvre principale est la traduction de l’Odyssée d’Homère. Ses vers sont corrects et très soignés. La comédie de Griboiédov, Le malheur d’avoir de l’esprit est un pur chef-d’œuvre d’observation et d’ironie ; elle est devenue classique. Lermontov est l’égal de Pouchkine ; ses poésies sont des merveilles de sonorité musicale. Krylov se nourrit partiellement de La Fontaine ; sa langue est simple et claire.