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I


Vladimir Korolenko est né en 1853 à Jitomir, dans le gouvernement de Volhynie. Sa mère était polonaise. Son père, descendant des Cosaques du Don, laissa, en mourant, à sa veuve et à ses cinq enfants la réputation d’un magistrat d’une probité exemplaire. Resté orphelin de très bonne heure, le jeune Korolenko connut une enfance précaire. À dix-sept ans, il entra à l’Institut technologique de Pétersbourg qu’il quitta en 1874 pour l’Académie agronomique de Moscou. Pour vivre et faire vivre les siens, il se fit correcteur d’imprimerie. Grâce à ses brillantes études, il obtint une bourse qui lui assura deux années de tranquillité, mais en 1876 Korolenko fut exilé administrativement à Vologda pour avoir pris part à des manifestations universitaires. Il n’y resta que peu de temps. On lui permit de retourner près de sa famille, à Cronstadt, sous la surveillance de la police. Quelque temps après, sans aucune raison plausible, Korolenko fut déporté comme suspect en Sibérie, toujours administrativement, c’est-à-dire sans aucun jugement, sans enquête, sans interrogatoire. Ses frères, son beau-frère furent, à leur tour, déportés, tous de différents côtés. À toutes les demandes de Korolenko, verbales et écrites : « Pourquoi m’a-t-on déporté ? » il reçut toujours la même réponse : « Vous êtes politiquement suspect. » L’exil dura six ans (1879-1885). On le relégua d’abord à Viatka, puis à Glazov, ensuite à Glouchia-Liesnya-