Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/308

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temps tu vaincras Pénélope elle-même. Troie résista longtemps, mais fut prise à la fin. Elle te lit sans vouloir te répondre ? libre à elle. Fais seulement en sorte qu’elle continue à lire tes billets doux : puisqu’elle a bien voulu les lire ; elle voudra bientôt y répondre, tout viendra par degrés et en son temps. Peut-être recevras-tu d’abord une fâcheuse réponse, par laquelle on t’ordonnera de cesser tes poursuites. Elle craint ce qu’elle demande, et désire que tu persistes, tout en te priant de n’en rien faire. Poursuis donc ; et bientôt tu seras au comble de tes voeux.

Cependant, si tu rencontres ta maîtresse couchée dans sa litière, approche-toi d’elle, comme sans y penser ; et, de peur que vos paroles n’arrivent à des oreilles indiscrètes, explique-toi, autant que possible, d’une manière équivoque. Dirige-t-elle ses pas incertains sous quelque portique ? tu dois t’y promener avec elle. Tantôt hâte-toi de la devancer ; tantôt, ralentissant ta marche, suis de loin ses pas. Ne rougis pas de sortir de la foule et de passer d’une colonne à l’autre pour te trouver à ses côtés. Ne souffre pas surtout que, sans toi, elle se montre au théâtre dans tout l’éclat de sa beauté. Là, ses épaules nues