Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/365

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entrer dans son lit une nouvelle épouse. Il ne tint pas à toi, Thésée, qu’Ariane, abandonnée sur des bords inconnus, ne servît de pâture aux oiseaux des mers. Pourquoi Phillys se rendit-elle neuf fois sur le rivage ? Demandez-le aux forêts qui, pleurant sa perte, se dépouillèrent de leur chevelure. Ton hôte, ô Didon, malgré sa réputation de piété, [3,40] ne te laisse en fuyant qu’un glaive et le désespoir, cause de ta mort. Infortunées, je vais vous apprendre ce qui causa votre perte : vous ne saviez pas aimer. L’art vous manqua, cet art qui perpétue l’amour.

Aujourd’hui encore elles l’ignoreraient ; mais Cythérée m’ordonna de l’enseigner aux femmes. Cythérée s’offrit à mes yeux, et me dit : "Que t’ont donc fait les malheureuses femmes pour que tu les livres ainsi, troupeau sans défense, au glaive des hommes armés par toi ? Tu consacras deux chants à les instruire dans ton art ; l’autre sexe, à son tour, réclame tes conseils. Le poète, qui d’abord avait versé l’opprobre sur l’épouse de Ménélas, mieux inspiré, chanta bientôt ses louanges. Si je te connais bien, tu ne voudras pas offenser les belles ; c’est un service qu’elles doivent attendre de toi pendant toute ta vie". Elle dit, et, de la couronne qui ceignait sa chevelure, détachant une feuille