Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/366

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et quelques grains de myrte, elle me les donna. Je sentis en les prenant une influence divine : l’air brilla plus pur autour de moi, et ma poitrine fut comme soulagée d’un fardeau.

Tandis que Vénus m’inspire, jeunes beautés, prêtez l’oreille à mes leçons. La pudeur et les lois vous le permettent ; votre intérêt vous y invite. Songez dès à présent à la vieillesse qui viendra trop tôt, et vous ne perdrez pas un instant. Tandis que vous le pouvez, et que vous en êtes encore à vos années printanières, donnez-vous du bon temps ; comme l’eau s’écoulent les années. Le flot qui fuit ne reviendra plus à sa source ; l’heure une fois passée est passée sans retour. Profitez du bel âge : il s’envole si vite ! Chaque jour est moins beau que celui qui l’a précédé. Dans ces lieux hérissés de broussailles flétries, j’ai vu fleurir la violette ; ce buisson épineux me donna jadis de suaves couronnes. Un temps viendra où toi, qui, jeune aujourd’hui, repousses ton amant, vieille et délaissée, tu grelotteras la nuit dans ton lit solitaire ; alors les amants rivaux, dans leurs querelles nocturnes, ne briseront plus ta porte, et le matin tu n’en trouveras plus le seuil jonché de feuilles de roses. Sitôt, hélas ! notre corps se couvre de rides ! Sitôt s’effacent les couleurs qui brillaient