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LES AMOURS

D’un oiseau sans pareil pleure avant tout la tombe ;
Triste est le cas d’Itys, mais vieux.
Vous, libres fils des airs, toi, sa chère colombe,
Poussez vos plaintes jusqu’aux cieux.
Il se montra sans cesse un galant camarade ;
Autant que lui dura sa foi :
Perroquet, ce que fut Oreste pour Pylade,
La colombe le fut pour toi.
Mais de quoi t’ont servi cet amour, ton plumage,
Tes sons, babil ingénieux ?
De Corinne, à te voir, que servit le suffrage ?
Tu n’es plus, oiseau glorieux !
Ton vert éclat pouvait éclipser l’émeraude,
La pourpre ornait ton bec épais ;
Nul rival, de ta voix n’égalait la méthode,
Tellement bien tu grasseyais.
La mort t’a pris, jalouse ; ennemi des batailles,
Tu vivais parleur et mignard.
Dans les guerres l’on voit se délecter les cailles,
Peut-être ainsi mourir fort tard.
Un rien te remplissait ; ta fureur oratoire
Des longs repas sut t’affranchir :
Une noix, c’était tout ; deux gouttes d’eau pour boire,
Puis, trois pavots pour t’endormir.

Ils vivent, les vautours, écumeurs de l’espace,
Les sombres geais, les durs milans ;
À Minerve en horreur, la corneille rapace