Page:Ovide - Les Amours, traduction Séguier, 1879.djvu/8

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C’est celui des cinq jours à Pallas consacrés

Qui prélude à des Jeux féroces.
Mon père nous donna dans Rome, enfants précoces,
Les maîtres les plus révérés.
De bonne heure mon frère opta pour l’Éloquence ;
Il semblait né grand orateur.
Des mystères sacrés, moi, jeune adorateur,
J’allais chez la Muse en vacance.
Or, mon père souvent : « Pourquoi de vains essais ?
Homère est mort pauvre lui-même. »
Ému de ses discours, laissant là tout poème,
À la prose je m’efforçais.
Mais les mots s’enchaînaient en spondée, en dactyle :
Toute ma prose était des vers.
Cependant aux étés s’ajoutant les hivers,
Nous prîmes la robe virile.
Paré du laticlave, à poursuivre son but
Chacun de nous resta fidèle.
Mon frère avait vingt ans. Il meurt. Perte cruelle !
En moi quelque chose mourut.
Alors ayant brigué les honneurs de mon âge,
J’eus la charge de Triumvir.
Demeurait le Sénat : c’eût été m’asservir ;
Je m’en tins au premier suffrage.
Mon corps et mon esprit craignaient trop les labeurs
Et les coûteuses renommées.
Du reste les neuf Sœurs, toujours mes bien-aimées,
M’offraient de tranquilles bonheurs.