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LES AMOURS

Qu’ici ta main les plonge en foule.
Voilà mon sein, tes dards y vont spontanément ;
Mieux que ton carquois il les loge…
Malheureux le cœur mou qui son sommeil proroge,
Disant le somme un agrément I
Ô fou ! qu’est-il, sinon de la mort une image ?
Le sort t’en garde un éternel.
De mon bien, moi, je veux maint serment solennel :
L’espoir au moins flatte, encourage.
Je veux que l’on caresse et gronde tour à tour,
Qu’on me repousse et qu’on se livre.
Si Mars est inconstant, c’est que son fils l’enivre ;
Mars t’imite, ô volage Amour.
Ton esprit est léger cent fois plus que tes ailes ;
Tu donnes, reprends les plaisirs.
Mais si Vénus et toi secondez mes désirs,
Toujours règne en mes sens fidèles.
Dompte toutes beautés : et puceaux et pucelles
Te consacreront leurs loisirs.