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LES AMOURS

Comme au choc de deux vents oscille une carène,
Cet amour mixte me combat.
Érycine, pourquoi doubler encor ma peine ?
N’était-ce point assez d’un bât ?
Qu’a donc besoin l’ormeau de parures nouvelles,
Le ciel d’astres, la mer de flots ?
Mieux vaut pourtant brûler que languir loin des belles :
À mes ennemis de tels lots !
Pour eux les lourds sommeils sur une froide couche,
Les repos, veufs de doux exploits ;
Mais moi, que me réveille Éros, maître farouche,
Que mon lit tremble sous deux poids !
Qu’une seule maîtresse à son aise m’épuise :
Ne le peut-elle, ayons-en deux.
Des membres secs, mais forts, soutiendront l’entreprise ;
Sans embonpoint, je suis nerveux.
À la lampe, d’ailleurs, Volupté rendra l’huile.
Nul tendron ne m’a vu noué :
Souvent, après les jeux d’une nuit difficile,
J’ai, dès l’aube, en plein rejoué.

Heureux ceux qu’ont perdus ces passes mutuelles !
Oh ! puissé-je, un jour, y mourir
S’expose le guerrier aux sagettes cruelles,
Qu’un sang versé l’aille ennoblir ;
Qu’en cherchant la fortune, au sein de l’onde amère
Boive l’avare corrompu :
Pour moi, je veux, Cypris, blanchir sous ta bannière,