Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/189

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Ce dernier fragment a beaucoup de grandeur, cette opposition des nouvelles destinées de Constantinople à celles de la vieille Rome et, en même temps surtout, cette vue d’un empire grand, mais périssable, attaché à Constantinople même, tout cela montre l’étonnante justesse de coup d’œll que saint Augustin a portée dans l’histoire : il semble qu’il ait vu, à travers les temps, ces autres barbares et cet autre Àlaric, qui devaient annoncer un jour à Constantinople que l’heure était venue. On trouverait dans les sermons de saint Augustin des passages non moins éloquents, des morceaux entiers tout resplendissants de beautés analogues à celles qui sont si communes dans saint Jean Chrysostome et dans saint Basile, notamment un passage d’un admirable discours sur la Résurrection : «  Vous êtes triste d’avoir porté au sépulcre celui que vous aimiez, et parce que tout à coup vous n’entendez plus sa voix. Il vivait et il est mort il mangeait et il ne mange plus il ne se mêle plus aux joies et aux plaisirs des vivants. Pleurez vous donc la semence quand vous la confiez au sillon ? Si un homme était assez ignorant de toutes choses pour pleurer le grain qu’on apporte aux champs, qu’on met dans la terre et qu’on ensevelit sous la glèbe brisée ; et si cet homme disait en lui-même : « Comment donc a-t-on enterré ce blé moissonné avec tant de peine,