Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/190

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battu, émondé, conservé dans le grenier : nous le voyions, et sa beauté faisait notre joie ! maintenant il a disparu de nos yeux ! S’il pleurait ainsi, ne lui dirait-on pas: « Ne t’afflige point ; ce grain enfoui n’est assurément plus dans le grenier, il n’est plus dans nos mains mais nous viendrons plus tard visiter ce champ, et tu te réjouiras de voir la richesse de la récolte, là où tu pleures l’aridité du sillon...» Les moissons se voient chaque année, celle du genre humain ne se fera qu’une fois à la un des siècles... En attendant, toute créature, si nous ne sommes pas sourds, nous parle de résurrection. Le sommeil et le réveil sont de tous les jours la lune disparaît, et se renouvelle tous les mois. Pourquoi viennent, pourquoi s’en vont les feuilles des arbres ? Voici l’hiver assurément ces arbres desséchés reverdiront au printemps. Sera-ce la première fois, ou l’avez-yous vu l’an passé ? Vous l’avez vu l’automne amena l’hiver, le printemps ramène l’été. L’année recommence dans un temps qui lui est marqué ; et les hommes faits à l’image de Dieu mourraient pour ne plus revivre ! »

J’ai hâte d’en finir, et, pour montrer comment Augustin savait s’élever à ce troisième degré de l’éloquence qu’il appelle le sublime, comment après avoir traversé le langage simple et familier, et cet autre, qui n’est dénué ni d’ornements ni