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III. DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE HORS DU CLERGÉ.

Ainsi, dans ces siècles périlleux où il semble que toute éducation littéraire va manquer au peuple italien, il la reçoit de deux côtes-. Il y a des maîtres laïques, salariés, nourris des traditions profanes, derniers héritiers des grammairiens et des rhéteurs romains. Il y a des maîtres ecclésiastiques, dont l’enseignement gratuit, vouéau service et à la défense de la foi, remonte de Grégoire VII à Grégoire le Grand, et cache son origine aux catacombes. Entre ces deux enseignements il y a rivalité, hostilité, tout ce qui divise les esprits, mais ce qui les agite et les féconde. Nous avons à considérer si tant d’efforts restèrent sans résultat, si l’instruction donnée du haut de tant de chaires forma des classes lettrées, et jusqu’à quel point elle pénétra dans les derniers rangs de la nation.

Écartons premièrement le clergé, dont on ne conteste pas les lumières. Au dixième siècle, c’està-dire au plus fort de la barbarie italienne, nous avons vu Rathier de Vérone, Atton de Verceil ranimer les études ;Luitprand écrit, dans une prose savante, mêlée de vers et toute semée de termesgrecs, l’histoire de son ambassade à Constantinople ; et Gunzo, clerc de Novare, dans une dispute grammaticale avec les moines de Saint-Galt, pousse l’é-