Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/23

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dra plus tard une crosse d’or redoutée des rois[1].

Ainsi tout est plein du souvenir de Rome dans ces commencements. Il avait fallu les légions pour construire les voies qui percèrent les forêts germaniques, et pour y amener, cachés dans leurs rangs, les premièrs propagateurs de l’Évangile. Il avait fallu les colonies, les municipes, les métropoles, pour mettre toutes les ressources de la civilisation au service de ces Églises conquérantes qui se formaient sur les confins de la barbarie. Il avait fallu que le génie latin, exercé depuis quatre cents ans au gouvernement du monde, respirât dans les sénats d’évêques qui constituèrent l’unité de croyance et de discipline. On reconnaît, dans tout ce qu’ils fondèrent, la main d’un peuple accoutumé à ne pas bâtir pour un jour. Cette première période est comme ces ruines romaines sur lesquelles les siècles suivants ont construit, sans crainte pour les monuments qu’on leur faisait porter.

  1. Mayence nomme pour premier évêque Crescens, disciple de saint Paul ; Metz, saint Clément, disciple de saint Pierre, et saint Patient, disciple de saint Jean ; Toul, saint Mansuetus, disciple de saint Pierre : la Rhétie croyait avoir été évangélisée par saint Pierre, saint Paul et saint Barnabé. Cf. Tillemont, Mémoires, I.; Calmet, Histoire ecclesiastique et civile de Lorraine ; Murerus, Helvetia sancta. Sur la légende de saint Maternus : Gesta Trevirorum, apnd d’Achery, Spicilegium, II, 207; Jacques de Königshoven, Chronik :, c. v, ap. Schilter, Supplement, p. 431 ; Reins, Chronik der Stadt Cöln :

    Das wart sente Maternus zo Agrippinam gesant,
    Die nannte sy Cœlne algehant, etc.

    Cf. Tillemont, Mémoires, IV , p. 499, VI, p. 26. Schöpflin, Alsacia illustrata , I, 333. Hontheim, Historia Trevirensis diplomatica, I, p. XXXIII.