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CHAPITRE II
LE CHRISTIANISME DEVANT LES INVASIONS


Espérances et dangers du christianisme

Les invasions pouvaient venir : l’Église était en mesure de les recevoir. Elle avait des évêques à toutes les portes de l’empire, et des prêtres sur le chemin de tous les barbares. Ses basiliques étaient ouvertes, ses baptistères préparés : elle n’avait plus qu’à attendre que les chefs lui amenassent leurs peuples. Il semble que les plus farouches devaient se rendre à la majesté de ses institutions ; et c’est l’opinion commune, que la conversion des Germains fut prompte et facile. Elle coûta cependant plus qu’on ne pense. L’Église allait être en présence d’une nouvelle race : elle y trouvait deux périls. D’un côté c’était la barbarie, le goût du sang et de la destruction, la haine du nom romain, et en même temps un paganisme nouveau, fort de sa grossièreté même, qui semblait ne pas laisser de jour à la raison ni d’ouverture à la controverse. D’un autre côté, et surtout parmi les chefs, parmi les mercenaires engagés à la solde des Césars, il y avait l’attrait prématuré d’une civilisation trop sa-