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est généreuse, et ne se range pas toujours du côté du plus fort[1]. Troisième période de la guerre. 793-798.

Une lutte qui, depuis vingt ans, mettait en feu toute la Saxe, ne pouvait unir en un jour sur tous < les points. Les Saxons de l’Ouest gardèrent la foi jurée mais ceux du Weser se soulevèrent en 795. Les peuplades qui habitaient au nord de l’Elbe prirent les armes en 795 et 798, massacrèrent les comtes envoyés pour rendre la justice sur leurs terres, et se précipitèrent sur les Obotrites, alliés des Francs. Cette troisième période de la guerre se passa, comme les deux autres, en représailles sanglantes, suivies de passagères soumissions. Cinq campagnes successives ne suffirent pas pour réduire la révolte ; il fallut déporter un tiers de la nation. On enleva les habitants des deux rives de l’Elbe, avec femmes et enfants, pour les disséminer dans la Gaule et la Germanie. Tous ne regrettèrent pas leur exil. « Ils aimèrent, dit un contemporain, ces grasses terres du Midi,

  1. Grimm, Deutsche Sagen, t. II. La Chronique de Moissac a déjà fait la transformation du nom propre Guiduichint pour Wittichind. Sur le changement du W en Gu, voyez Ampère, Histoire de la formation de la langue française. M Capefigue, Histoire de Charlemagne, a cité ces vers de la chanson de Guiteclin, par Jean Bodel trouvère d’Arras, treizième siècle :

    Cil bastart juglor qui vont par ces viliaux,
    À ces grandes vielles en dépéciés forriaux,
    Chantent de Guiteclin
    Mais cil qui plus en sect, ses dires n’est pas biaux
    Que ils ne savent mie les riches vers noviaux
    Ni la chanson rimée que fisi Jehan Bodiaux.