Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/296

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lonté que leurs résistances ne découragent pas, et par la condescendance d’une raison élevée qui épargne leur faiblesse : il renverse leurs idoles, mais il se contente de purifier et de bénir les fontaines sacrées. Je trouve ces admirables ménagements dans l’histoire du chanteur aveugle ; et il faut signaler ici une trace remarquable de cette poésie populaire, qui est ta source de toutes les grandes épopées. Le serviteur de Dieu honore le vieux chantre, le guérit et s’en sert. Ainsi le génie de l’Allemagne païenne est aveugle ; mais il chante la foi ne l’étouffe pas, elle l’éclaire et l’inspire. Les anciens chants ne périront point ils renaîtront, sous une forme chevaleresque, dans l’épopée des Nibelungen. Enfin le missionnaire devient évêque, et on s’en aperçoit au langage qu’il tient devant les rois. Il est en possession de tous les moyens puissants qui agissent sur les peuples. Par la prédication, il rassemble les hommes ; par le culte il les tient réunis dans l’accomplissement d’un même devoir. Il fonde une société chrétienne ; il la dote de deux institutions capables d’en assurer la durée, c’est-à-dire l’enseignement et l’aumône publique. Les plus obstinés finissent par se plier aux lois de cette organisation bienfaisante, qui a pour leurs besoins des écoles, des hôpitaux, des greniers. Et maintenant, si l’on considère que cette histoire n’est pas celle d’une seule vie, mais de beaucoup d’autres qui se vouaient ait même dessein ; si l’on compte