Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/297

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les huit évêques placés sur les siéges qu’érigea Charlemàgne, et autour de chacun d’eux les prêtres qui le secondaient si l’on se représente tant d’hommes d’un esprit droit et d’une volonté ferme s’établissant dans les cantons de la Saxe, bâtissant un oratoire, et, quand les païens y mettaient le feu, le rebâtissant ; prêchant si on les écoutait, et, si on ne les écoutait pas, prêchant encore se laissant tuer, mais remplacés par d’autres qui enseignaient la même foi, la même loi et cela au milieu de ces barbares passionnés, par conséquent mobiles, et donnant prise sur eux tôt ou tard on comprend que les Saxons aient fini par se rendre à l’opiniâtreté de cette religion qui les poursuivait avec tant d’intelligence et tant d’amour.

Fondation de l'abbaye de Nouvelle-Corbie.

Toutefois le clergé séculier, vivant parmi des populations ignorantes et grossières, ne pouvait échapper aux dangers d’un contact trop fréquent, et devait céder en un au relâchement qui suit les grands efforts. Il fallait donc qu’une institution plus solide maintint dans l’Église de Saxe la doctrine et l’exemple. Charlemagne l’avait compris, et, dès le temps de la guerre sainte, il choisit entre les otages et les captifs quelques-uns des plus jeunes, qu’il distribua parmi les monastères des Francs, pour être formés à la vie cénobitique, et la propager ensuite dans leur pays. Un de ces jeunes Saxons, élevé à l’abbaye de Corbie, près d’Amiens, ayant obtenu de son père un terrain convenable dans la